Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Sorbonne, et qu’il le vouloit ainsi ; on peut juger qu’il fut bientôt obéi.

Presque aussitôt après, le prince de Montbazon, second fils du prince de Guéméné (car l’acné étoit enfermé dans une abbaye), épousa une fille du duc de Bouillon. Mme de Soubise obtint que les fiançailles se feroient dans le cabinet du roi.

Avant de quitter cette maison, il faut dire que le prince de Guéméné, mort duc de Montbazon, en février 1667, et frère de M. de Soubise, avoit trente-un an plus que lui, et Aime de Chevreuse, morte en 1679, leur sœur, suivoit le siècle. La princesse de Guéméné, morte duchesse de Montbazon en 1657, mère de M. de Soubise, étoit cette belle Mme de Montbazon dont on a fait ce conte qui a trouvé croyance : que l’abbé de Rancé, depuis ce célèbre abbé de la Trappe, en étoit fort amoureux et bien traité ; qu’il la quitta à Paris, se portant fort bien, pour aller faire un tour à la campagne ; que bientôt après, y ayant appris qu’elle étoit tombée malade, il étoit accouru, et qu’étant entré brusquement dans son appartement, le premier objet qui y étoit tombé sous ses yeux avoit été sa tête, que les chirurgiens, en l’ouvrant, avoit séparée ; qu’il n’avoit appris sa mort que par là, et que la surprise et l’horreur de ce spectacle joint à la douleur d’un homme passionné et heureux, l’avoit converti, jeté dans la retraite, et de là dans l’ordre de Saint-Bernard et dans sa réforme. Il n’y a rien de vrai en cela, mais seulement des choses qui ont donné cours à cette fiction. Je l’ai demandé franchement à M. de la Trappe, non pas grossièrement l’amour et beaucoup moins le bonheur, mais le fait, et voici ce que j’en ai appris étoit intimement de ses amis, ne bougeoit de l’hôtel de Montbazon, et ami de tous les personnages de la Fronde, de M. de Châteauneuf, de Mme de Chevreuse, de M. de Montrésor et de ce qui s’appeloit alors les importants, mais plus particulièrement de M. de Beaufort avec qui il faisoit