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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/269

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sa part le nouveau roi Stanislas, qui fut reconnu de l’empereur et de presque toute l’Europe. Cromstrom, envoyé de Suède, avoit donné part au roi, de la part du roi de Suède et de celle du roi Stanislas dont il avoit reçu une lettre de créance, de son avènement à la couronne de Pologne et de l’abdication du roi Auguste, électeur de Saxe.

Les mécontents inquiétoient toujours extrêmement l’empereur qu’ils pensèrent prendre à la chasse, à deux lieues de Vienne, où ils brûlèrent des villages. Ils avoient pris Gratz, qui fut repris sur eux, sans qu’ils fissent pour cela une diversion moins embarrassante. Ils finirent l’année par battre le général Heusler et lui tuer quatre mille hommes.

Le mariage de l’archiduc fut arrêté à la fin d’octobre avec la princesse de Wolfenbüttel, de même maison que l’impératrice régnante lors, et que le duc d’Hanovre, depuis roi d’Angleterre. Elle étoit luthérienne, et on l’instruisit pour embrasser la religion catholique. Les protestants croient que les catholiques se sauvent dans leur religion ; ils l’ont avoué longtemps, et ne l’ont nié depuis que pour se dérober à la force de l’argument qui s’en tire contre eux. Quand je dis protestants, j’entends luthériens et calvinistes. C’est cette persuasion qu’ils conservent qui les rend faciles à embrasser et à faire embrasser la religion catholique à leurs enfants, quand ils y trouvent des avantages, principalement pour des mariages qui ne se pourroient pas faire autrement ; et la raison contraire fait qu’il n’y a point d’exemple d’aucun prince catholique qui se soit fait protestant, ni qui l’ait souffert à ses enfants, pour quelque mariage ou quelque autre avantage que ç’ait pu être.

La campagne finit en Espagne, après beaucoup de petites places rendues ou emportées, par la prise de Carthagène. La garnison, qui n’étoit que d’un régiment de cavalerie et un d’infanterie, avec trois mille paysans armés, sous un maréchal de camp espagnol, se rendit au duc de Berwick