Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’elle sa gouvernante. À la rupture, Mlle de Beaujolois fut renvoyée en France avec sa sœur, veuve alors du roi Louis Ier. La princesse de Berghes, veuve d’un grand d’Espagne et la marquise de Conflans, furent envoyées avec les équipages du roi à Saint-Jean de Luz pour les ramener en France, l’une comme camarera-mayor de la petite reine, l’autre choisie par Mme la duchesse d’Orléans pour être gouvernante de Mlle de Beaujolois sa fille. M. le duc d’Orléans n’étoit plus, et il étoit régent au premier passage ; mais M. le Duc étoit premier ministre, et quelque chose de plus, et en même temps prince du sang. La reine douairière d’Espagne ne pouvoit plus considérer Mlle de Beaujolois comme mariée et comme infante, ainsi qu’elle avoit fait la première fois. Il n’y avoit point eu de mariage, et elle étoit renvoyée ; elle n’étoit donc plus que princesse du sang.

Cela embarrassa la reine douairière, qui à la fin se résolut, pour obliger M. le Duc dans sa puissance (qui toutefois n’y avoit pas seulement pensé), se résolut, dis-je, à donner un fauteuil à Mlle de Beaujolois et à la traiter comme la première fois, sous prétexte que ses propres malheurs la rendoient sensible à celui de cette princesse, à qui elle ne le vouloit pas appesantir par la différence du traitement de son premier passage.

Elle habitoit une très petite maison de campagne à la porte de Bayonne, et elle y recevoit le monde dans un petit salon, où je l’ai aussi vue, de plain-pied à un grand et beau jardin. Après les premières embrassades de la reine douairière à la petite reine et à Mlle de Beaujolois, la reine douairière proposa à la princesse de Berghes d’aller voir son jardin, et à la duchesse de Liñarez sa camarera-mayor de l’y mener. Elles étoient averties ; elles firent dans l’instant la révérence et entrèrent dans le jardin, après quoi la reine douairière fit apporter trois fauteuils. La marquise de Conflans y demeura debout avec les autres dames de la reine douairière. La visite finie, on fit appeler les deux dames qui