Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/420

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que n’en ont les nôtres à nos parlements. Ce conseil de Castille est tout à la fois ce que nous connoissons ici sous le nom de parlement et du conseil des parties[1] ; et le chef de ce tribunal, qui n’a point de collègues comme les présidents à mortier à l’égard des premiers présidents ici, est tout à la fois ce que nous connoissons ici sous le nom de chancelier et de premier président, du prodigieux état duquel j’ai dit un mot en parlant de la dignité des grands d’Espagne. C’est donc lui qui, avec ce conseil, jugé en dernier ressort tout ce qui dépend de la couronne de Castille, et qui de plus est le supérieur immédiat en de certaines choses avec le conseil, seul en plusieurs autres, de tous les membres, non seulement de tous les tribunaux inférieurs de la Castille, outre qu’il l’est avec le conseil de ces tribunaux chacun en corps, mais il l’est de tous les régidors et de tous les corrégidors, qui ont à la fois toutes les fonctions des intendants des provinces, des lieutenants civils, criminels, et de police et de prévôts des marchands, comme nous parlons ici[2].

Mais toute cette puissance et toute cette autorité disparaît chaque semaine devant celle du roi. Toutes les semaines le conseil de Castille en corps vient chez le roi, son chef à sa tête, dans une pièce de son palais destinée à cela, à jour et heure marquée. Le roi s’y rend peu après et y entre seul. Il y est reçu à genoux de tout le corps qu’il fait asseoir sur des bancs nus et couvrir, après qu’il est lui-même assis et couvert dans son fauteuil sous un dais. En retour à droite, sur le bout du banc le plus près de lui, est le chef de ce corps, ayant à son côté celui des conseillers choisi pour faire ce jour-là rapport de ce que le conseil a jugé depuis la dernière fois qu’ils sont venus chez le roi[3]. Il a les sentences à ses pieds, dans un sac, et il en explique

  1. Voy., sur le conseil des parties, t. Ier, p. 445.
  2. Voy., note à la fin du t. III, p. 442.
  3. Passage omis par les précédents éditeurs depuis Il y est reçu.