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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/86

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CHAPITRE V.


Mon procès de Brissac. — Deux fortes difficultés à succéder à la dignité de Brissac. — Cossé reçu duc et pair de Brissac. — État et reprise de mon procès de Brissac. — Voyage à Rouen. — Singulière attention du roi. — Intimité de tout temps à jamais interrompue entre le duc d’Humières et moi. — Ingratitude de Brissac. — Course à Marly. — Service de La Vrillière. — Je gagne mon procès. — M. et Mme d’Hocqueville. — Fortunes nées de ce procès. — Anecdote sur l’abbé depuis cardinal de Polignac.


Je n’ai pas cru devoir interrompre le fil des événements de cette année par le récit d’un événement particulier à moi, qui pourroit même ne tenir ici aucune place, sans le rapport qui se trouvera des semences qui s’y jetèrent fort naturellement à des affaires plus importantes qui se développeront dans la suite. On a vu ci-devant (t. II, p. 231) les difficultés que le comte de Cossé rencontra à succéder à la dignité du duc de Brissac, son cousin germain et mon beau-frère[1] ; combien peu j’avois de raisons de famille de m’intéresser pour lui, avec qui, d’ailleurs, je n’avois aucune liaison, et que néanmoins l’intérêt de la continuation de nos dignités dans nos maisons et que leur durée ne dépendît pas du mauvais état d’une succession, de l’humeur des créanciers et de la fantaisie des hommes, me fit prendre l’intérêt de Cossé jusqu’à faire ma partie pour lui avec plusieurs des principaux pairs que j’excitai et que j’entraînai, contre un nombre d’autres, qui très mal à propos touchés de gagner un rang

  1. Ce passage, jusqu’à d’un beau-frère qui avoit été le fléau de ma sœur, est omis dans les précédentes éditions.