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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/87

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d’ancienneté (et Brissac est antérieur à moi) s’étoient unis pour l’extinction de cette pairie et m’avoient fait parler pour m’unir à eux, et qui furent arrêtés tout court par l’union contraire que j’avois faite aussitôt. Maintenant il faut dire qu’outre toutes les raisons de mécontentement que j’avois d’un beau-frère qui avoit été le fléau de ma sœur, au point que leur séparation ne put se faire que par l’intervention de M. le Prince le héros, qui se chargea des pièces pour les représenter si jamais M. de Brissac vouloit revenir contre cette séparation, et qui l’auroient mené personnellement bien loin, laquelle fut homologuée au parlement et constamment tenue, j’avois un procès contre mon beau-frère depuis la mort de ma sœur, et depuis la sienne avec ses représentants, où il s’agissoit de cinq cent mille livres. Ma sœur, morte en 1683, m’avoit fait son légataire universel. MM. de La Reynie et Fieubet, deux conseillers d’État si connus, exécuteurs de son testament, et M. Bignon, autre conseiller d’État aussi fort considéré, élu en justice mon tuteur pour cette succession pendant ma minorité, sans que pas un des trois eussent avec nous la moindre parenté. M. de Brissac, et après lui ses représentants, me demandoient cent mille écus. Je prétendois n’en rien devoir, et je leur demandois au contraire deux cent mille francs restant des six cent mille de la dot de ma soeur. Cette créance si privilégiée, si elle étoit déclarée bonne, étoit antérieure à tous les créanciers personnels de mon beau-frère, et faisoit porter à faux pour autant de leurs créances par la multitude qu’il y en avoit. M. de Cossé, qui ne pouvoit être duc qu’en vertu de son héritage, étoit donc obligé de les payer tous. Il me proposa de passer un acte par lequel il s’engageoit pour mes cinq cent mille livres, en son propre et privé nom, et sa femme avec lui, afin de me mettre hors d’intérêt quelque succès qu’eût mon procès. Je ne le voulus point quelque presse qu’il m’en fît, et ceux qui se mêloient de mes affaires.