Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’Aragon légitime, puis bâtarde, pour les royaumes de Naples et de Sicile, il suffit de se rappeler que Jeanne II, reine de Naples et de Sicile, mit le feu, par ses diverses adoptions, entre les deux branches d’Anjou. Cette couronne tomba à Jeanne II, après diverses cascades et de grandes guerres. Celle-ci ne fut ni plus chaste ni plus heureuse que la première Jeanne, ni plus avisée en mariages et en adoptions. Celle qu’elle fit en faveur d’Alphonse V, roi d’Aragon, combla tous ses malheurs, et, par les événements, ôta les royaumes de Naples et de Sicile à la maison de France, qui demeurèrent, après maintes révolutions, à la maison d’Espagne.

Pierre le Cruel, tué et vaincu par son frère bâtard, Henri, comte de Transtamare, aidé par le célèbre du Guesclin et par la France, fut roi de Castille en sa place, et laissa cette couronne à Jean, son fils, gendre de Pierre IV, roi d’Aragon. Jean, roi de Castille, laissa deux fils, Henri le Valétudinaire et Jean. Le Valétudinaire mourut à vingt-sept ans, et laissa son fils, Jean II, âgé de vingt-deux mois. La couronne de Castille fut déférée à Jean, son oncle paternel, qui la refusa constamment, et servit de père à son neveu. Ce neveu, qui devint un grand roi, fut le père d’Henri III, dit l’Impuissant, et de la fameuse Isabelle, après son frère reine de Castille qui par son mariage avec Ferdinand le Catholique, roi d’Aragon, réunit toutes les Espagnes, excepté le Portugal qu’ils firent passer à leur postérité assez connue.

Ce généreux Jean, qui refusa et conserva la couronne de Castille à son neveu, en fut tôt après récompensé. Jean Ier Martin, frère de sa mère, et l’un après l’autre rois d’Aragon, moururent, le premier sans enfants, le second sans postérité masculine ; ses filles furent méprisées, et ce généreux Jean de Castille, leur cousin germain, fut élu roi d’Aragon par les états. Il régna paisiblement, et il laissa sa couronne à son fils, Alphonse V, qui fut adopté par Jeanne Il, reine de Naples et de Sicile. Cet Alphonse V n’eut