Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/355

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J’ose même en attester Votre Altesse Royale, qui a eu souvent occasion d’en être témoin, soit en particulier, soit dans le conseil. Je n’ai que des grâces infinies à lui rendre de ce que ses bontés ont seules excité tout cet effet d’ambition, et de ce qu’elles sont demeurées invulnérables à toutes les étranges machines conjurées et l’assemblées contre moi durant ma plus juste et ma plus profonde confiance.

Quel que soit l’état des finances, que, jusqu’à ce mois-ci, Votre Altesse Royale m’avoit toujours assuré devoir sûrement prendre une bonne consistance, je suis persuadé qu’il y a du remède, si on veut le chercher avec docilité, et se départir de même de ce que l’expérience montre avoir été mal commencé. Encore une fois, je le répète, je ne prétends point, blâmer une administration dont je me suis senti incapable, que je ne puis ni ne voudrois examiner, et dans laquelle je me persuade qu’on a fait du mieux qu’[on] a pu. Mais sans tomber sur une gestion inconnue, et raisonnant seulement sur l’effet de cette gestion dans une matière que le feu roi a laissée dans un état infiniment difficile et violent, je dis que la bonté des peuples de ce royaume, et l’habitude du gouvernement monarchique, ne doit faire chercher le remède qu’entre les mains de Votre Altesse Royale, et dans les conseils des personnes intelligentes en cette matière qu’elle en voudra consulter par elle-même, ou par ceux qui, sous elle, conduisent les finances.

La difficulté consiste en la continuation de deux impôts extraordinaires que l’autorité du feu roi et l’extrémité de ses affaires firent établir l’un après l’autre sous le nom de capitation et de dixième, avec les paroles les plus authentiques de les supprimer à la paix, et sans lesquels nonobstant la paix et toute la diminution de dépense qui résulte de la mort de nos premiers princes, et de l’âge du roi, le courant ne peut se soutenir ; et en ce que ces mêmes impôts sont insupportables par leur nature et par leur poids à la plupart des contribuables, réduits à l’impossibilité de payer.