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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/374

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espérez-vous le pouvoir donner tel qu’il plaise ? et si la situation des finances ne le permet pas, croyez-vous pouvoir empêcher les états de le prendre aux dépens de ce qui en pourra arriver ? et combien la lutte, s’il en naissoit une entre Votre Altesse Royale et eux, seroit-elle pénible et douloureuse, et quelles en pourroient être les suites dedans et dehors !

Ce seroit vous abuser d’une manière aussi dangereuse que facile d’espérer contenter en donnant peu et promettant davantage. Je le répète, et Votre Altesse Royale ne peut trop se persuader cette vérité, les promesses sont usées, et les vôtres comme toutes les précédentes. Vous en avez fait de publiques, par des lettres rendues telles par votre ordre aux intendants à l’entrée de votre régence, et vous n’avez pu les exécuter. Le haussement des monnaies, que je crois avoir été très nécessaire, mais dont on devoit avoir prévu la nécessité de plus loin, a, au même temps, suivi de trois semaines une déclaration solennelle qui assuroit le public qu’elles ne seroient point augmentées. Je passe sous silence d’autres occasions qui, pour n’avoir pas regardé l’administration générale, n’en ont pas été moins publiques. Concluez de toutes que rien ne sera agréable ni admis que des soulagements présents, effectifs, certains, durables par leur nature et leur forme, et que toutes ces différentes qualités, qui n’y seront pas moins requises que les soulagements mêmes, ajouteront des embarras infinis à la nature de la chose, déjà de soi si difficile. De croire après l’issue des états sortir comme on pourroit des engagements pris avec eux, c’est-à-dire n’en tenir que le possible, ce seroit se précipiter dans les plus dangereuses confusions, donner lieu aux tumultes, aux refus appuyés du nom des états, à les voir [se] rassembler d’eux-mêmes d’une manière dont l’autorité royale ne pourroit souffrir sans y trop laisser du sien, ni peut-être l’empêcher sans de grands désordres, [sans] rompre à jamais toute confiance avec les trois ordres et avec