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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/395

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conséquences et les suites durant et après les états ? Pouvez-vous espérer quelque fruit heureux de leur tenue avec des accompagnements si turbulents ? J’avoue pour moi qu’ils m’effrayent. Je les laisse à toutes les réflexions de Votre Altesse Royale, pour achever de lui présenter en raccourci quelques autres inconvénients qui peuvent arriver de notre ordre.

Plus vous avez fait de grâces, moins il vous en reste à faire ; par conséquent peu d’espérance d’en obtenir, encore moins de tout ce que l’espérance fait faire. Cette considération, qui tombera dans l’esprit de tout le monde, en est une de plus, et puissante sur notre ordre, pour lui faire sentir plus vivement, en particulier, ce que tous les trois ordres sentiront en général, qu’il faut user de l’occasion des états, après laquelle plus de ressource, et qui vous privera de la plupart des instruments dont vous auriez pu espérer de vous servir avec succès pour aller au-devant des demandes embarrassantes. Nul des trois ordres plus opprimé que celui de la noblesse. Tous ses privilèges sont non seulement blessés, mais anéantis, et il est exactement vrai de dire qu’elle paye la taille et tous les autres impôts autant et plus réellement que les roturiers : la taille et fort peu d’autres tributs par d’autres mains et sous d’autres noms, mais de sa bourse ; tout le reste sans aucune distinction. C’est sur quoi vous devez vous attendre à des représentations aussi fortes que justes, et à des propositions pour les formes aussi embarrassantes à rejeter qu’à accorder.

L’autorité des gens de plume et de finance ne s’est appesantie sur nul autre ordre à l’égal du nôtre. Le premier est en possession de s’imposer presque pour tout, lui-même, et le troisième a tant de rapport et de réciproque avec ces messieurs d’autorité, que l’expérience journalière et actuelle montre quels sont leurs ménagements, et combien à plomb ces ménagements retombent sur la noblesse, parce qu’il ne faut pas que le roi ni ses bien-tenants y perdent rien. De là,