Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/401

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et des arrangements qu’on y a mis, tant de membres, alliés de parenté ou de bourse avec tout ce qu’il y a de banquiers et de commerçants d’argent que cet établissement ruine, s’en accommodent, aussi peu d’un étranger de pays et de religion pour un emploi si considérable, et moins encore de ce que tout l’argent du roi passe par ses mains, sur un simple arrêt du conseil, au préjudice d’édits enregistrés, non révoqués, qui le défendent sous de si grosses peines. Or, si cette banque générale devient l’aversion des états, c’est-à-dire du tiers ordre, à qui ces discussions seront familières, elle se décréditera. Si elle se décrédite, elle tombe, et sa chute ne peut être que bien importante. Dérobez-la par autorité aux yeux des états ; que ne ferez-vous point dire ? Elle en tombera plus tard ; mais cette chute ne sera que différée. Alors, Monseigneur, tout le fruit que vous en avez déjà recueilli, et que vous en espérez pour l’avenir, sera perdu sans ressource ; et, si cette banque en a fait une des principales depuis son établissement, c’est ici mieux qu’à la mort du roi, pour le changement de résolution sur l’assemblée des états, qu’il faut appliquer le raisonnement qui vous fut suggéré, faux alors, vrai aujourd’hui : De quoi vivrez-vous en attendant l’effet des remèdes des États ? Moins vous aurez de quoi les attendre, plus vous dépendrez d’eux ; et, s’ils aperçoivent ce genre de dépendance, pouvez-vous, après ce qui a été dit, croire qu’ils ne voudront pas en profiter ; et qui osera en poser les bornes ?

Il n’y a point maintenant de duc de Guise ; mais aussi n’êtes-vous pas roi. Henri IV l’étoit par son droit, par sa vertu, par son épée, lorsqu’il assembla les notables à Rouen. On ne peut lire le discours qu’il leur fit sans sentir tout à la fois une admiration et un amour pour ce grand prince qui émeut jusqu’aux larmes. Rien de si rempli de majesté, en même temps de tendresse pour son peuple, et d’une estime pour la nation, qui faisoit leur gloire réciproque, après leurs travaux communs qui avoient achevé