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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/486

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au comté de Pau (Béarn), au Bigorre, comté de Foix, pays de Gex, Bresse, Bugey, Valromey, Marsan, Nébouzan, Quatre-Vallées (Armagnac), Soulac et Terre de Labourd. Les états de Dauphiné, supprimés sous Louis XIII, ne furent rétablis que peu de temps avant la Révolution. Les pays d’états votoient eux-mêmes l’impôt qu’ils payoient à la couronne, et qu’on appeloit don gratuit ; ils en faisoient la répartition. La quotité de cet impôt étoit le principal sujet du débat dans les états provinciaux, et l’affaire la plus importante pour les commissaires qui représentoient le gouvernement. Les états devoient aussi pourvoir aux autres dépenses provinciales, parmi lesquelles figuroient les frais mêmes qu’entraînoit la session des états, et les gratifications votées aux gouverneurs, intendants et principaux fonctionnaires de la province. Le don gratuit n’avoit rien d’uniforme ; il varioit de province à province, et, dans la même province, d’année en année, suivant les besoins du gouvernement et les ressources du pays.

Si l’on veut étudier les avantages et les inconvénients de ces pays d’états, il faut surtout consulter la Correspondance administrative sous Louis XIV, publiée dans la collection des Documents inédits relatifs à l’histoire de France. On y suit les efforts tentés par Louis XIV pour obtenir le concours des états provinciaux et les soumettre à ses volontés. Dès le commencement de son gouvernement personnel (le 21 octobre 1661), ce roi écrivoit à M. de Fieubet, premier président du parlement de Toulouse [1] : « Dans l’application que je donne à toutes mes affaires généralement, sans en négliger aucune, je serai bien aise de savoir le nom du capitoul [2] qui sera député aux prochains états de ma province de Languedoc, et même ses intentions à l’égard de mes intérêts. Vous me ferez donc plaisir de m’en informer au plus tôt ; et comme vous pouvez beaucoup dans cette députation, il sera bon de vous prévaloir du crédit que vous y avez pour prendre des précautions avec ledit capitoul, afin que non seulement il ne se rende pas chef des avis qui me seront préjudiciables, comme tous ses prédécesseurs ont fait, mais aussi afin qu’il se joigne aux bien intentionnés pour favoriser les choses qui seront proposées de ma part. J’approuve dès à présent tout ce que vous ferez pour cet effet, vous assurant au surplus que le secret vous sera gardé, et que vous ne me sauriez rendre un service plus agréable. »

Les évêques de Lavaur, d’Albi, de Saint-Papoul et de Viviers, reçurent, ainsi que l’archevêque de Toulouse, des lettres pressantes pour se rendre aux états et soutenir le commissaire de Louis XIV [3].

  1. Cette lettre ne se trouve pas dans les Oeuvres de Louis XIV. Je l’ai copiée dans le recueil de Rose (ms. de l’Arsenal, n° 199, n° 127-128).
  2. Magistrat municipal de Toulouse.
  3. Même ms., n° 160.