Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
faire avec l’Angleterre et la France. — Difficultés du dernier renvoyées aux ministres en Angleterre. — Scélératesses de Stairs. — Perfidie de Walpole. — Frayeurs et mesures d’Albéroni contre la venue des Parmesans. — Il profite de celles du pape sur les Turcs, et redouble de manèges pour son chapeau, de promesses et de menaces. — Giudice publie des choses épouvantables d’Albéroni, bien défendu par Aubenton et Aldovrandi. — Molinez fait grand inquisiteur d’Espagne. — Quel étoit le duc de Parme à l’égard d’Albéroni. — Idées bien confuses de ce prince. — Le pape s’engage enfin à donner un chapeau à Albéroni. — Impossibilité présente peu durable. — Avis d’Aldovrandi et Albéroni. — Aventure des sbires qui suspend d’abord, puis confirme l’engagement en faveur d’Albéroni. — Art et bassesse d’Acquaviva. — Raison de tant de détails sur Albéroni. — Acquaviva, par ordre d’Espagne, transfuge à la constitution. — Promesses, menaces, manèges d’Albéroni et d’Aubenton pour presser la promotion d’Albéroni. — Invectives atroces de Giudice et d’Albéroni l’un contre l’autre. — Fanfaronnades d’Albéroni, et sa frayeur de l’arrivée à Madrid du mari de la nourrice de la reine et leur fils capucin. — Quels ces trois personnages. — Albéroni craint mortellement la venue d’un autre Parmesan ; écrit aigrement au duc de Parme.


Rendu à lui-même par le départ de Louville, Albéroni n’eut rien de plus à cœur que de terminer au gré des Anglois toutes les difficultés qui restoient sur l’asiento. Le traité fut signé à Madrid le 27 juillet, mais comme l’affaire duroit depuis longtemps, il fut daté du 26 mai, et les ratifications du 12 juin qui furent aussi tôt réciproquement fournies. Monteléon ignoroit parfaitement tout ce qui se passoit entre l’Angleterre et l’Espagne. Il en déploroit la lenteur, et de se voir réduit à poursuivre de misérables bagatelles lorsqu’il auroit pu traiter utilement. Il voyoit que le traité proposé par la France à l’Angleterre n’avançoit point, il se persuadoit que l’intelligence entre l’empereur et le roi de la Grande-Bretagne n’étoit pas si grande depuis l’opposition que la compagnie du Levant à Londres avoit mise à un emprunt que l’empereur y voulut faire de deux cent mille livres sterling sur la Silésie, et que le traité fait entre eux ne contenoit rien de préjudiciable à l’Espagne. Le roi d’Angleterre avoit passé en Allemagne