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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/101

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mais qu’il étoit aisé de l’interdire, et de donner des marques de ressentiment, si cette nation continuoit à favoriser les seuls ennemis de l’Espagne, qui étoit un argument bien fort pour les contenir.

Cela fut dit avec un air si naturel et si sincère que Beretti ne fut embarrassé que sur l’auteur du conseil, entre des membres principaux des États généraux, ou par ordre du régent. En ce dernier cas Beretti conclut que la France seroit bien aise de voir l’Italie délivrée du joug de la maison d’Autriche, dont la puissance devenoit formidable, et la devenoit encore davantage alors par les victoires que le prince Eugène venoit de remporter sur les Turcs et la prise de Belgrade. Néanmoins les ministres d’Angleterre craignoient que l’empereur ne fût attaqué en Italie. Ils dirent même à Monteléon que, si l’entreprise regardoit la Toscane, même [s’il s’agissait] de mettre garnison dans Livourne du consentement du grand-duc, la conséquence en seroit bien moins grande pour l’Angleterre que si elle se faisoit à Naples ou en d’autres États appartenant à l’empereur. Les ministres de ce monarque à Londres ne cessoient de presser l’exécution de la garantie par des secours effectifs, avec peu de succès, soit qu’on y voulût voir celui de l’entreprise d’Espagne, ou que leurs personnes ne fussent pas agréables. Wolckra fut en ce temps-là rappelé à Vienne pour faire place à Penterrieder pour traiter la paix de l’empereur avec le roi d’Espagne, par la médiation de la France, de l’Angleterre et de la Hollande, sur le fondement des propositions faites l’année précédente à Hanovre, concertées avec l’abbé Dubois, qui depuis avoit toujours suivi cette négociation, et qui devoit la venir reprendre jusqu’à son entière décision.

Saint-Saphorin, qui la conduisoit à Vienne pour le roi d’Angleterre, cherchoit plus à se faire valoir qu’à la mener au gré du régent. Il ne chercha dans les commencements qu’à lui inspirer des défiances des personnes qui l’environnoient et qu’il pouvoit consulter. Il disoit que le comte de