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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/355

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pour en soutenir les intérêts. Leur conclusion étoit que l’acquisition de la Sicile ne les mettoit pas suffisamment en sûreté ; qu’ils n’en pouvoient avoir qu’en maintenant un assez gros corps de troupes en Italie, pour empêcher la maison de France d’y mettre jamais le pied, encore moins de s’y établir en aucune des parties maritimes.

Comme un des points principaux de la négociation étoit d’assurer, au moins pendant sa durée, le repos de l’Italie, le roi d’Espagne avoit demandé que l’empereur promit de n’y point commettre d’hostilité, de n’y lever aucunes contributions, et de n’y point faire passer de troupes pendant le cours de la négociation. L’empereur parut assez disposé aux deux premières demandes ; pour la troisième, il prétendit que ce seroit abandonner l’Italie à un ennemi qui l’avoit attaqué, tandis qu’il étoit occupé contre les Turcs en Hongrie, qui lui avoit enlevé la Sardaigne ; qu’il en demandoit la restitution si l’Espagne vouloit un engagement formel de sa part de n’envoyer point de troupes en Italie. Ses ministres, persuadés que le régent traitoit secrètement, et ne songeoit qu’à s’unir avec l’Espagne, déclarèrent que leur maître feroit la paix avec le Turc à quelques conditions que ce pût être.

La cour de Londres pressoit la négociation. Elle représentoit au régent qu’elle étoit dans sa crise ; qu’il ne tenoit qu’à lui de la finir par une bonne résolution qui le mettroit pour toujours en sûreté, et le délivreroit de la tutelle insupportable d’une cabale espagnole très puissante en France, et totalement occupée à sa ruine. Les ministres hanovriens soutenoient comme excellent le projet de donner l’État de Pise avec Livourne et Portolongone au duc de Lorraine, en cédant par lui à la France le Barrois mouvant. Ils ne se rebutèrent point du refus. Voyant enfin qu’ils ne réussiroient pas, ils firent un dernier effort sans espérance, mais pour se justifier auprès de l’empereur et le persuader qu’il n’avoit pas tenu à leurs soins d’emporter un point qui lui étoit si