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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/356

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capital, qui étoit le moins, ajoutèrent-ils, qu’ils pussent faire pour Sa Majesté Impériale. Avec une telle partialité on ne devoit pas se flatter que l’Angleterre acceptât la proposition que le régent lui fit alors de s’unir à lui et à l’Espagne, pour forcer les oppositions de l’empereur, et d’accepter enfin le projet du traité tel qu’il étoit proposé. Aussi les ministres hanovriens dirent-ils nettement que, si la proposition étoit sérieuse, il ne restoit que de rompre toute négociation ; et se défiant toujours des intentions secrètes du régent, ils déclarèrent que le roi leur maître faisoit dresser un plan du traité tel qu’il prétendoit qu’il fût signé ; que l’article de la renonciation de l’empereur et celui de la succession de la Toscane y seroient compris de la manière que Son Altesse Royale le désiroit ; qu’on y comprendroit aussi les engagements qu’elle devoit prendre pour assurer la Sicile à l’empereur ; qu’on la prieroit de signer ce plan, qu’il seroit ensuite envoyé à Vienne pour le faire signer à l’empereur ; qu’enfin, si le régent refusoit sa signature, le roi d’Angleterre sauroit à quoi s’en tenir, et prendroit d’autres mesures. Ces menaces furent faites à l’abbé Dubois à Londres, en même temps que Stairs eut ordre d’expliquer à Paris, en même sens, les intentions du roi d’Angleterre.

Ce prince avoit eu de grandes inquiétudes des négociations du czar avec la Suède, de ses attentions pour le roi de Prusse, de ses préparatifs par mer et par terre qu’on croyoit destinés contre les Turcs ; et il craignoit que, très mal satisfoit de lui depuis longtemps, il ne méditât quelque vengeance. Il fut enfin rassuré par la promesse qu’il en tira de fermer tout accès auprès de lui aux Anglois rebelles, et d’interdire l’entrée de Pétersbourg au duc d’Ormont, s’il s’y vouloit réfugier. Georges crut savoir avec certitude que les négociations avec la Suède n’étoient fondées que sur les instances de la czarine, pour engager le czar d’écouter le baron de Gœrtz, par sa passion dominante d’assurer la succession au trône de Russie à son fils, au préjudice de son