Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/77

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usurpés sur la Suède, et il le vouloit tenir toujours dans sa dépendance. Saint-Saphorin crut même s’apercevoir que cette cour étoit fâchée que les offices du régent eussent contribué à la sortie des troupes moscovites du Mecklembourg, parce qu’elle auroit cru profiter de leur plus long séjour pour disposer encore plus aisément du roi d’Angleterre.

Ce prince avoit demandé à l’empereur de faire sortir des Pays-Bas les partisans du Prétendant. L’empereur le lui avoit promis. Cependant il restreignit ses ordres aux principaux chefs, et il en écrivit même si faiblement au marquis de Prié, que les ministres d’Angleterre ne lui en surent nul gré, et qu’ils crurent que plus la France abandonnoit ce malheureux prince, plus l’empereur lui étoit favorable. Cela ne refroidit pas néanmoins les ménagements du roi d’Angleterre pour l’empereur. Ses ministres, surtout les Allemands, engagèrent la nation Anglaise à lui payer les restes des subsides dus de la guerre précédente. Le projet étoit de lui faire donner sous ce prétexte cent mille livres sterling. L’empereur prétendoit que la dette se montoit bien plus haut. Les Anglois qui n’étoient pas dans le ministère soutenoient au contraire que la nation n’en devoit rien, et ils traitoient de fort étranges les demandes que faisoit l’empereur d’être payé d’un reste de subsides d’une guerre dont il avoit seul profité, et que l’Angleterre avoit faite uniquement pour l’intérêt de la maison d’Autriche. Les rois de Danemark et de Prusse se plaignoient de la complaisance que les Anglois avoient pour l’empereur, pendant qu’ils ne recevoient aucun payement des subsides qu’ils devoient toucher pour la guerre du nord qu’ils soutenoient actuellement de concert avec le roi d’Angleterre.

Cette complaisance n’empêchoit pas que la cour de Vienne ne se plaignît, à la moindre occasion, de tout ce qui pouvoit lui déplaire de la part des Anglois. Elle prétendoit que le comte de Peterborough avoit donné des conseils inconsidérés aux princes d’Italie. L’empereur en fit porter ses plaintes