Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/99

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Les Impériaux, plus persuadés que personne du mauvais état de l’Espagne, travailloient de tous côtés à en pénétrer les intelligences secrètes. La France leur étoit toujours suspecte. Koenigseck y redoubloit d’attention pour découvrir s’il se faisoit dans le royaume quelques mouvements de troupes, quelques préparatifs capables d’augmenter les soupçons. Ne trouvant rien, il se réduisoit à veiller sur la conduite de Ragotzi et sur les secours qu’il pouvoit espérer. Un coquin, nommé Welez, qui avoit été envoyé de Ragotzi en France, s’offrit à Koenigseck. Son maître l’avoit disgracié. Il promit à l’ambassadeur de l’empereur de l’informer de tout ce qu’il pourroit découvrir. Il lui donna une lettre de la princesse Ragotzi à ce prince, qu’il prétendit avoir interceptée. Il l’assura qu’il y avoit un traité fait à Paris, entre le czar et Ragotzi, où les rois de Suède et de Pologne étoient compris ; et que le moyen le plus sûr d’en empêcher l’effet étoit d’assassiner Ragotzi, passant dans l’État d’Avignon, parce qu’il n’y avoit rien à craindre dans la souveraineté du pape. Il l’avertit aussi de faire arrêter à Hambourg un officier, appelé Chavigny, que Ragotzi envoyoit en Pologne, et cela fut exécuté de l’autorité de l’empereur.

Les États de Gueldre, sans consulter les États généraux, rendirent, au commencement d’août, la liberté au baron de Goertz, lassés d’être les geôliers du roi d’Angleterre qui en fut très fâché, et encore plus d’une course que le czar, encore en Hollande, fit alors au Texel, qu’on crut moins de curiosité que pour conférer avec Goertz. Ce soupçon fut confirmé par la froideur que Widword, envoyé d’Angleterre, trouva dans ce monarque. L’amiral Norris, que le roi d’Angleterre lui crut agréable, et par lequel il lui fit proposer un traité de commerce et quelques projets pour la paix du nord, ne fut pas mieux reçu.

Les vaisseaux Anglois qui se trouvoient dans la mer Baltique eurent ordre de revenir dans les ports d’Angleterre. Georges vouloit se trouver en état de les employer comme il