Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/251

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Avant de quitter Maillebois et la députation des états de Languedoc, il ne faut pas oublier cette singularité. Cette députation, après avoir fait sa harangue au roi, alloit toujours en faire une à Madame, et à M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans, ainsi que les députés des états de Bretagne. Cela se pratiquoit de même sous le feu roi. Mme la duchesse d’Orléans ne voulut point la recevoir cette année, pour marquer le deuil qu’elle demenoit[1] de la situation du duc du Maine, quoique si étrangement adoucie, d’une manière plus solennelle et plus publique.

Peu de jours après, le duc de Richelieu sortit de la Bastille et alla coucher à Conflans chez le cardinal de Noailles. Il étoit veuf sans enfants de sa nièce, mais, par son traité avec l’Espagne, il avoit voulu dépouiller le duc de Guiche, autre neveu du cardinal de Noailles, du régiment des gardes, et l’avoir. Il devoit s’en aller à Richelieu ; il obtint d’aller faire une pause à Saint-Germain, où il avoit une maison, puis d’y demeurer, après d’être à Paris sans voir le roi ni le régent ; au bout de trois mois il eut permission de les saluer, et tout fut bientôt oublié.




CHAPITRE XII.


Paix de la Suède avec l’Angleterre. — Le duc de Lorraine échoue pour l’érection de Nancy en évêché. — Vaudemont en tombe fort malade à Paris. — Maximes absurdes, mais suivies toujours et inhérentes, du parlement sur son autorité. — J’empêche le régent d’en rembourser toutes les charges avec le papier de Law. — Raisons secrètes contre le remboursement des charges du parlement. — Seconde tentative du projet du remboursement des charges du
  1. Le mot demenoit est pris ici dans le sens de affectoit de mener.