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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/136

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dans l’appartement de la princesse, et attendit dans les antichambres. Il n’entra dans la chambre que le service nécessaire. J’y fus appelé. La toilette fut courte ; Leurs Majestés et le prince extrêmement gais. Tout se passa comme j’ai expliqué qu’il avoit été résolu, et je regagnai Villahalmanzo, et mon lit dont j’avois un extrême besoin.

Ce ne fut pas pour y demeurer longtemps. Le lendemain, 21 janvier, il fallut me trouver de bonne heure à Lerma pour la cérémonie de la Vélation. C’est qu’en Espagne où on marie l’après-dînée ou le soir, la noce entend le lendemain la messe du mariage qui n’a pu se dire la veille, pendant laquelle se font les cérémonies extérieures, et où les mariés sont mis sous le poêle. J’allai, en arrivant, chez le marquis de Grimaldo, puis tout de suite prendre mon poste de la veille, où bientôt après toute la cour arriva.

Le prie-Dieu du roi et les carreaux en avant pour le prince et la princesse étoient disposés comme la veille, et le cardinal Borgia tout revêtu, étudiant encore sa leçon avec ses aumôniers, n’avoit plus que sa chasuble à prendre, ce qu’il fit, dès que le roi et la reine entrèrent, suivis du prince qui donnoit la main à la princesse. Le nonce, qui vint en même temps, me fit civilité, se mit auprès de moi, du côté de l’autel, comme la veille, et m’y parut tout accoutumé. Maulevrier, qui au mariage étoit un peu derrière moi, du côté d’en bas, ne parut point, et nous sûmes après, car il ne m’en avoit pas ouvert la bouche, qu’il étoit parti ce même matin de son quartier pour retourner à Madrid. Le cardinal dit la messe basse où il ne me parut guère plus habile qu’aux cérémonies, et se barbouilla fort encore en celles qui restoient à faire. La messe finie, j’accompagnai Leurs Majestés chez elles, qui s’amusèrent avec moi des embarras du cardinal. Et comme elles rentroient, je leur demandai la permission de prendre congé d’elles au sortir du dîner, parce qu’elles partoient le lendemain pour Madrid. J’oublie de marquer que le poêle fut tenu par deux aumôniers du roi