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NOTES ET SONNETS.


Tous oiseaux à l’envi ne fendent tout l’espace,
Toutes fleurs n’ont séjour, passé de certains pas ;
Si quelqu’une, plus fière, a doublé ses appas,
Il en est du vallon qui n’ont que là leur grâce.

N’en ayez trop dédain, quand vous les respirez.
Tout mon ètre est ainsi : pas d’haleine trop haute ;
Promenade aux coteaux, poésie à mi-côte,

C’est le plus, et de là j’ouïs les bruits sacrés.
Pourtant, pourtant j’ai vu, trainé par vous, cher hôte,
Sur Aï les cieux bleus que vous m’avez montrés[1] !


......Lasciva capella.
Virgile.


C’est où ces dames vont promener leur caprice
La Fontaine.


La chèvre m’avait vu, couché sous le sapin,
Faire honneur à ma gourde et trancher à mon pain ;
Je repars, elle suit, folle et capricieuse,
Friande, je le crois, mais surtout curieuse :
À la montagne on est curieux aisément,
Et l’étranger qui passe y fait événement.
J’allais à travers clos, entre monts et vallées,
Me frayant le sentier aux herbes non foulées,
Broyant et gentiane et menthe et serpolet,
Enjambant les treillis de chalet en chalet :

  1. Les Tours d’Aï, hautes cimes des Alpes Vaudoises.