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NOTES ET SONNETS.

Lausanne.


De ces monts tout est beau, chaque heure en a ses charmes,
Chaque climat y passe et s’y peint tour à tour ;
Et l’étranger lui-même, y vivant plus d’un jour,
À les trop regarder se sent naître des larmes :


I


Soit que, par le soleil de l’été radieux,
À l’heure où la clarté déjà penche inégale,
Le rayon, embrassant leur crête colossale,
Les détache d’ensemble au vaste azur des cieux,

Tête nue et sans neige, et non plus sourcilleux,
Mais d’antique beauté, sereine et sculpturale,
Dressés pour couronner la Tempé pastorale,
Taillés par Phidias pour un balcon des Dieux !

Délicats et légers, et d’élégance pure,
Enlevant le regard à chaque découpure,
Et, pour le fin détail, d’un vrai ciseau toscan !

Et leur teinte dorée, et leur blonde lumière,
Au front d’un Parthénon caresserait la pierre,
Serait une harmonie aux murs du Vatican !


II


Soit lorsqu’au jour tombant, sous un large nuage,
Du couchant à la nuit tout le ciel s’est voilé ;