dront fécondes, et qui, entre saint Augustin et Bossuet, renferment leur philosophie de l’histoire aussi :
«Il y avoit lors très-peu de personnes d’entre les Juifs (paucissimi, dit saint Augustin, qui n’a pu user d’un nom plus diminuant) à qui Dieu donnât les biens spirituels : il y en a maintenant très-peu d’entre les Chrétiens à qui il donne les biens temporels.»
«Ce corps est moins à l’homme qu’il n’étoit avant l’Incarnation, parce que Jésus-Christ se l’est approprié de nouveau en le rachetant.»
«L’Évangile qui a ruiné l’adoration des créatures, a donné sujet d’augmenter, par un événement étrange, l’affection des créatures en plusieurs de ceux qui font profession de lui obéir».[1]
Ces pensées, qui ont toute la beauté aphoristique propre à un Hippocrate ou à un Marc-Aurèle chrétien, sont tirées la plupart d’un petit écrit sur la Pauvreté[2], vertu dont M. de Saint-Cyran était très-préoccupé, y ramenant tout l’Évangile. Car on peut dire que Port-Royal, avec Saint-Cyran, avec ses religieuses et ses solitaires, de même qu’il a été un redoublement de foi à la divinité de Jésus-Christ par pressentiment d’opposition au prochain déisme philosophique, de même qu’il a été un redoublement de foi à l’omnipotence de la Grâce par pressentiment d’opposition à la prochaine exaltation de la liberté humaine, a été encore comme un dernier redoublement de pratique et d’intelligence de la pauvreté chrétienne par pressentiment d’opposition à la
- ↑ En effet, depuis l'Évangile, l’idolâtrie brisée en bloc s’est comme retrouvée en monnaie courante chez les Chrétiens.
- ↑ Au tome quatrième des Œuvres chrétiennes et spirituelles de messire Jean du Verger, etc., etc., 4 vol. in-12, Lyon, 1679. — En lisant saint Augustin, il ne faudrait pas s’étonner d’y rencontrer quelques-unes de ces pensées, comme il se rencontre du Pascal tout pur dans Montaigne.