Le nom de Lancelot reviendra souvent dans l’histoire des Écoles et des ouvrages qui s’y rapportent ; car M. de Saint-Cyran le jugea bientôt appelé par sa vocation à être maître plutôt encore que pénitent : «L’Apôtre, écrit-il dans une de ses lettres[1], fait un dénombrement de tous les dons gratuits du Saint-Esprit, et dit qu’ils sont divisés dans les fidèles, et que nul ne les a tous ; mais je puis assurer que le don d’instruire et conduire les enfants est un des plus rares, et qu’on en peut dire ce que saint Grégoire dit du ministère pastoral, que c’est une tempête de l'esprit.» Il jugea l’âme égale de Lancelot capable de cette tempête. On lui remit donc le soin des enfants ; et, quand les petites Écoles furent régulièrement établies (1646) dans le cul-de-sac de la rue Saint-Dominique-d’Enfer, on l’y chargea de l’enseignement spécial du grec et des mathématiques. Cela dura quatorze ans, à travers les fréquentes vicissitudes de ces Écoles toujours menacées. Après leur entière dispersion (1661), il passa à l’éducation particulière du duc de Chevreuse, puis à celle des fils de la princesse de Conti. Dans l’intervalle, sa plus grande distraction fut un pèlerinage à Aleth (1667) près du saint évêque Pavillon : il y alla par Vézelay, Cluny, Lyon, Genève, Annecy, la grande Chartreuse, Avignon ; on a sa relation assez pittoresque. Il était en compagnie de Brienne, alors de l’Oratoire, singulier confrère. À la mort de la vertueuse princesse de Conti, Lancelot se démit de l’éducation qu’elle lui avait confiée, et par scrupule ; car on le voulait obliger à mener ses élèves à la comédie. Se trouvant libre, il choisit, pour s’y retirer, l’abbaye de Saint-Cyran dont M. de Barcos était abbé ; il s’y fit bénédictin et pénitent[2]. Mais la persécution
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