les lettres latines à Rome pour hâter les bulles. Il avait donc été plus ému encore de cette espèce de reproche que du reste. Il avait peu répondu sur l’heure, sentant sa bile bouillonner, et il avait attendu quelque temps pour être de sang-froid, dans la juste mesure, en le faisant par lettre. Mais il ne résulte pas moins de la suite des pièces que M. Vincent, touché de cette lettre, était accouru le voir, et, après lui avoir demandé s’il ne l’avait communiquée à personne, l’avait remercié de ne l’avoir pas montrée, et s’était réconcilié avec lui au point de rester à dîner ce jour-là. Depuis ce temps, il ne paraît pas que M. Vincent ait eu aucun procédé autre qu’amical pour M. de Saint-Cyran. Il le fit même prévenir dans sa prison de bien prendre garde à dicter lui-même ses réponses au Commissaire et de vérifier après, de peur qu’on n’en altérât le sens. M. Molé le faisait prévenir dans le même temps de bien tirer des lignes du haut en bas des pages de peur qu’on n’ajoutât de l’écrit ; « car il a, disait-il, affaire à d’étranges gens. »
L’Interrogatoire de M. Vincent ne se trouve pas recueilli dans les pièces à charge contre M. de Saint-Cyran que firent imprimer les adversaires : est-ce parce qu’il lui était plutôt favorable ? M. Colbert, évêque de Montpellier, le produisit pour la première fois, en 1730, dans une Lettre[1] à l’évêque de Marseille, Belsunce, lequel, à l’exemple de la plupart des doux de ce temps-là, était assez aigre-doux contre la mémoire de Port-Royal et de Saint-Cyran. On peut être sublime de charité dans une peste et se piquer contre le prochain dans une simple dispute théologique. L’authenticité de la pièce produite par M. de Montpellier a été, du reste, très-vivement contestée.
M. Vincent, qui, dès qu’il apprit l’arrestation de
- ↑ Troisième Lettre à l’Évêque de Marseille, page 502, tome second des Œuvres de messire Charles-Joachim Colbert.