nos persécutions et penser à nous dans ses plus grandes douleurs.… Elle aura donc grande joie d’apprendre l’espérance que Dieu nous donne qu’il nous protégera. Car à l’heure que tout le monde nous croyoit perdues sans ressource…, il est arrivé qu’un très-bon prêtre[1] qui est notre parent, qui depuis quelques années a eu dévotion particulière de rechercher plusieurs saintes Reliques pour les révérer en sa chapelle (et Dieu a tellement agréé sa dévotion, qu’il a inspiré grande quantité de personnes de lui en donner de très-assurées, et depuis peu une Épine de la Sainte-Couronne de Notre-Seigneur, laquelle, après l’avoir fait enchâsser, il nous l’envoya pour la voir et la révérer…[2]
« Nos Sœurs de Paris la reçurent avec grande révérence, et, l’ayant mise au milieu du chœur, l’adorèrent l’une après l’autre. Comme ce vint aux Pensionnaires, leur maîtresse, qui les conduisoit, prit le Reliquaire, de peur qu’elles ne le fissent tomber ; et comme une petite de dix ans s’approcha, qui avoit un ulcère lacrymal si grand qu’il lui avoit pourri l’os du nez (je supprime de vilains détails)…, il vint à cette religieuse (la maîtresse[3]) une pensée de dire à cette enfant : Ma fille, priez pour votre œil ; » et faisant toucher la Relique au même moment, elle fut guérie. À quoi on ne pensa point pour tout à l’heure[4], chacune n’étant attentive qu’à la dévotion de la Relique. Après (la cérémonie), cette enfant dit à une de ses petites Sœurs : « Je pense que je suis guérie. » Ce qui se trouva si vrai, qu’on ne pouvoit reconnoître auquel de ses yeux avoit été le mal.
« Dieu a circonstancié ce miracle de telle sorte que personne n’en a douté. Cette enfant appartient à un très-honnête homme, Auvergnat[5], qui l’a mise chez nous à cause
- ↑ M. Le Roi de La Poterie.
- ↑ La mère Angélique, dans la plénitude de ses récits, fait un peu comme Hérodote : elle ouvre des parenthèses, et elle oublie quelque fois de les fermer.
- ↑ La sœur Flavie, qui depuis… On aura assez occasion d’en parler,
- ↑ Voilà le point délicat et le point faible.
- ↑ Remarquez dans ce récit simple et vraiment humble l’absence de tout nom propre. Cette petite Marguerite, ni son père, M. Périer, ne sont nommés : ce dernier n’est qu’un honnête homme Auver-