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PORT-ROYAL.

lat, il en avait aussi emporté quelque chose. Il vivait riche, mondain, très-poli, ne fuyant nullement la compagnie des personnes du sexe, et ne s’interdisant pas les honnêtes divertissements de la société. On raconte qu’un jour de grande fête, au sortir du dîner, le prélat étant à jouer avec des dames, après que le jeu eut duré assez longtemps, quelqu’un fit remarquer que c’en était assez pour un jour de grande fête, et qu’il fallait donner quelque chose à l’édification. L’évêque alla sur-le-champ chercher un de ses sermons et le lut. Alors une de ces dames lui dit que, si elle avait fait un pareil écrit, elle serait une sainte ; mais l’auteur, en moraliste avisé, répondit qu’il y a un pont bien large de l’esprit au cœur. Sur quoi un Père de l’Oratoire, qui était dans un coin, ajouta : Et il y a bien quatre arches de ce pont de rompues. — L’anecdote est assez agréable ; elle ouvre un jour sur Massillon. Les Jansénistes la racontent en se signant d’horreur : moi, je me contente de l’opposer comme un sourire à ce qui chez eux, dans ce chapitre, a pu paraître d’une superstition vraiment rebutante et sombre.

Retz, Marguerite Périer et Massillon, que de points touchés ! et dans tous, comme dernier terme, la faiblesse humaine.


    analyse très-heureuse et très-fine du talent et de la manière de Massillon, surtout le passage à propos du Petit Carême : « M. Massillon connoissoit les Grands, etc. » L’article est d’un abbé de La Palme, modeste et peu connu. — Voir aussi, dans les Notes qui suivent l’Éloge de Massillon par d’Alembert, des extraits de ses lettres, très-bien choisis, et dans lesquels il s’exprime en moraliste consommé sur le compte des Jansénistes de son temps. — Voir, enfin, ci-après à l’Appendice.