va comme une étourdie. Je vous envoie la Lettre du Pape (Innocent XI) ; seroit-il possible que vous ne l’eussiez point ? Je le voudrois. Vous verrez un étrange Pape : comment ? il parle en maître… »
Que tout ceci soit plus sérieux que le ton, on l’admet sans peine ; madame de Sévigné est religieuse, et le badinage, chez elle, se passe dans son humeur encore plus que dans son esprit. Est-ce une raison pourtant de venir conclure là-dessus au plus grave, et de s’écrier avec de Maistre :
« Ne croyez ni aux livres imprimés avec permission, ni aux déclarations hypocrites, ni aux professions de foi mensongères ou ambiguës ; croyez madame de Sévigné, devant laquelle on pouvoit être aimable tout à son aise. Il n’y a point d’autre justice en Dieu que sa volonté. Cette miniature fidèle du système mérite d’être encadrée[1]. »
Madame de Sévigné avait dit à un autre endroit que ces Messieurs étaient bien aimables dans la conversation, et que les mêmes « qui faisoient de si belles restrictions et contradictions dans leurs livres parloient bien mieux et plus dignement, quand ils n’étoient pas contraints ni étranglés par la politique »[2]. On était fort déchu en effet, à cette époque (1680), de la hauteur du dogme janséniste primitif ; Nicole lui-même essayait de concilier par des biais les vérités redoutables avec les vraisemblances raisonnables. De Maistre se donne beau jeu à prendre ainsi le dogme janséniste dans sa déviation et sa défaillance. Quoi qu’il en soit, et sans sortir même du texte égayé de madame de Sévigné, qu’y voit-il de si exorbitant ? « Il n’y a point, dit-elle, d’autre justice en Dieu que sa volonté. > » Mais si cette vo-