que le Père de famille donnait à l’intendant infidèle pour sa prudence aux choses de la terre ; « Les enfants de ce siècle sont plus prudents en leur genre que les enfants de lumière[1] » Car que fait-on autre chose en ce Mandement que consentir au mensonge sans nier la vérité ?
« Mais des fidèles, des gens qui connoissent et qui soutiennent la Vérité, l’Église catholique, user de déguisement et biaiser ! je ne crois pas que cela se soit jamais vu dans les siècles passés, et je prie Dieu de nous faire mourir tous aujourd’hui plutôt que de souffrir qu’une telle abomination s’introduise dans l’Église. En vérité, ma chère Sœur, j’ai bien de la peine à croire que cette sagesse vienne du Père des lumières, mais plutôt je crois que c’est une révélation de la chair et du sang. Pardonnez-moi, je vous en supplie, ma chère Sœur, je parle dans l’excès d’une douleur à quoi je sens bien qu’il faudra que je succombe, si je n’ai la consolation de voir au moins quelques personnes se rendre volontairement victimes de la Vérité… »
Et ce ne sont pas de vaines paroles ; elle va en mourir en effet. Insistant toujours sur cette ambiguïté de la Signature, elle se la peint par une image : « Je vous le demande, ma très-chère Sœur, au nom de Dieu, dites-moi quelle différence vous trouvez entre ces déguisements et donner de l’encens à une idole sous prétexte d’une croix qu’on a dans sa manche. »
Un très-exact éditeur moderne[2] a fait remarquer avec raison qu’en cet endroit la Sœur de Sainte-Euphémie retourne contre les Jansénistes un reproche que Pascal, dans la cinquième Provinciale, avait adressé aux Jésuites des Indes et de la Chine ; mais ce qui est plus piquant, c’est qu’elle le retourne surtout contre Pascal lui-même ;