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LIVRE QUATRIÈME.

ployée à cet établissement. Les élèves riches payaient pension (500 livres)[1]. Le jeune Tillemont y étudiait, intimement uni au fils aîné de M. de Bernières. MM. Lancelot et Nicole étaient pendant ce temps-là aux Granges et dirigeaient l’école où le jeune Racine étudiait vers 1655.

Au reste, il n’y avait rien d’absolument fixe dans ces distributions et ces classements de personnes, et les professeurs comme les élèves durent passer quelquefois d’une maison dans une autre.

Ce n’était pas le compte des ennemis et des jaloux que les Écoles transplantées prospérassent aux Champs. Les Jésuites ne pouvaient manquer de les y relancer et de poursuivre la ruine de ces belles espérances, — les Jésuites qui veulent toujours être les seuls dans tout ce qui se fait de bien, comme le dit assez naïvement un de nos auteurs. Le 30 mars 1656, un grand coup fut porté. Le lieutenant-civil Daubray, nous l’avons vu, vint s’assurer que l’École des Granges était dispersée selon l’ordre du roi ; il visita également le château des Trous et le Chesnai, mais il paraît qu’on y laissa subsister un reste d’écoles. Celle du Chesnai était toujours assez nombreuse sous la conduite de M. de Beaupuis. À chaque répit qu’on lui laissait, l’innocente tribu du désert s’obstinait à refleurir.

Sur ces entrefaites, un incident mortifiant pour les Jésuites vint ralentir un peu l’action de leur mauvais vouloir. Un neveu du cardinal Mazarin, le jeune Alphonse Mancini, qui était à leur Collège de Clermont à Paris, fut blessé au jeu de berne (le jeu de Sancho


    que dix-huit ou dix-neuf enfants. Il faut se garder des exagérations, même des amis.

  1. Le prix de la pension à Paris n’était d’abord que de 400 livres ; mais pendant la première Guerre de Paris, en 1648 ; la cherté des vivres obligea de prendre 500 livres.