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Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/191

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ignorance ; et c’est tandis que les autres sicaires allèguent que s’ils ont commis quelque meurtre, hommes dépourvus de lumières, ils n’ont fait qu’obéir à leur général, au dictateur. Ils pouvaient même nier absolument leurs crimes : Catilina ne le peut pas.

Est-ce là l’illustration qui t’enhardit à me dédaigner, à me mépriser ? Est-ce la gloire dont te couvre le reste de ta vie ? toi qui as toujours vécu de manière qu’il n’est point de lieu si sacré où ta présence ne motivât une accusation, même quand tu n’y commettais point de crime !

Toi, souvent surpris en adultère, et qui cherchais aussi à surprendre les adultères (20) ; toi, qui, dans le fruit d’un adultère, as trouvé à la fois ta fille et ton épouse !… Souillé de tous les forfaits et de toutes les turpitudes, sanglant de mille assassinats, corrupteur des lois, des procédures, des jugements !

Faut-il rappeler comment tu as envahi (21) le gouvernement d’une province, malgré les cris et la résistance de tout le peuple romain ? Quant à la manière dont tu l’as administrée, je n’ose en parler, puisque tu as été absous. Il faut que je croie mensongers et les chevaliers romains, et les actes d’une cité respectable, et Q. Metellus Pius, et l’Afrique entière ; il faut me persuader que tes juges ont découvert je ne sais quel motif pour te déclarer innocent. Misérable ! tu ne sens pas que leur arrêt ne t’a point absous, mais réservé pour un jugement plus sévère et une condamnation plus terrible.

Je passe sous silence cette entreprise exécrable,