Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/43

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tre l’influence des richesses : car, aussi bien que toute autre chose, on ne les estime et on ne les recherche que pour leur usage. La perversité s’entretient par les avantages qu’on en recueille : qu’ils cessent, nul homme n’est gratuitement méchant.

Sans doute l’avarice, monstre farouche et dévorant, ne doit être tolérée nulle part : où elle porte ses pas, elle ravage les cités et les campagnes, les temples et les maisons ; elle confond toutes les choses divines et humaines. Ni armées ni remparts ne peuvent l’empêcher de s’introduire avec violence, d’arracher à tous les hommes leur réputation, leur pudeur, leurs enfants, leur patrie et leurs pères. Cependant, si l’argent cesse d’être honoré, cette grande puissance de l’avarice sera facilement réprimée par les bonnes mœurs. Justes ou pervers, tous les hommes l’avoueront ; et pourtant, sur ce point, tu auras grandement à combattre la faction des nobles : mais si tu sais te garder de leurs artifices, tout le reste te sera facile.

Si de tels hommes, en effet, possédaient encore quelques vertus, les bons citoyens seraient l’objet de leur émulation et non de leur envie. Mais, plongés dans l’indolence, la lâcheté, l’insensibilité, l’apathie, ils murmurent, ils calomnient, ils regardent la bonne renommée d’autrui comme leur déshonneur personnel. Mais pourquoi parler d’eux plus longtemps comme d’êtres inconnus ? Le courage et la force d’âme de M. Bibulus ont éclaté dans son consulat. Avec une langue embarrassée, et plus de perversité que de finesse dans l’esprit, qu’osera tenter cet homme, pour