Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/55

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traîné par le besoin de voir, au plus tôt et de quelque manière que ce soit, la république secourue. La liberté m’est plus chère que la gloire : je te supplie, je t’adjure, toi, le plus grand de nos généraux, le vainqueur des Gaulois, ne souffre pas que l’empire souverain, invaincu, du peuple romain, soit dissous par la vétusté et déchiré par les fureurs de la discorde.

Si ce désastre nous est réservé, ô César ! tourmenté par des songes sinistres, égaré, furieux, jeté sans cesse hors de toi-même, n’espère point que le jour ou la nuit apaise un moment le trouble de ton âme. Car je regarde comme certain que la divinité a les yeux ouverts sur la vie de chaque mortel ; qu’aucune action, bonne ou mauvaise, n’est perdue ; que, par la force même des choses, un prix différent est assuré au bon et au méchant. Ce prix peut quelquefois être tardif : mais la conscience indique à chacun ce qu’il en doit attendre.

Ah ! si la patrie, si nos pères pouvaient se faire entendre à toi, ne te diraient-ils point : « César ! nous, les plus braves des hommes, nous t’avons donné la vie dans cette excellente cité, pour être sa gloire, son appui, et la terreur de ses ennemis. Tout ce que nos travaux et nos périls sans nombre nous ont acquis, tu l’as reçu de nous avec le jour : une patrie la plus puissante qui soit dans l’univers, une origine et une famille très-illustre dans ta patrie et aussi une louable instruction et des richesses pures ; enfin tout ce que la guerre offre