Aller au contenu

Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ce pouvoir suivent des principes pervers, et mesurent leur sûreté à la corruption de ceux qu’ils dominent.

Mais toi qui joins la bonté à l’énergie, il est de ta gloire de faire tout pour commander aux hommes les meilleurs ; car plus l’homme est méchant, moins il supporte patiemment qu’on le gouverne. Mais il t’est moins facile qu’à aucun autre avant toi, de constituer l’État que t’a soumis la victoire. Par toi, la guerre a été moins cruelle que ne l’était la paix sous tes adversaires : aujourd’hui les vainqueurs demandent leur proie ; les vaincus sont tes concitoyens : gouvernant à travers ces écueils, tu dois affermir à jamais la république, non-seulement par les armes et contre les attaques extérieures, mais, ce qui est plus grand et plus difficile, par la sagesse d’institutions pacifiques. Ainsi la conjoncture appelle tous les citoyens, quelle que soit la mesure de leurs lumières, à énoncer l’avis qu’ils estiment le meilleur.

Je pense, quant à moi, que la manière dont tu useras de la victoire décidera de tout le reste. Souffre donc que je t’expose en peu de mots mon opinion sur le parti le plus facile et le plus sûr que tu puisses prendre.

Tu as combattu un homme illustre, comblé de richesses, avide de pouvoir, plus grand par sa fortune que par son habileté. De ceux qui l’ont suivi, un petit nombre, par les injures qu’ils t’avaient faites,