Chapitre II
Les changements phonétiques
§ 1.
Leur régularité absolue.
On a vu p. 132 que le changement phonique n’atteint pas les mots, mais les sons. C’est un phonème qui se transforme : événement isolé, comme tous les événements diachroniques, mais qui a pour conséquence d’altérer d’une façon identique tous les mots où figure le phonème en question ; c’est en ce sens que les changements phonétiques sont absolument réguliers.
En allemand tout ī est devenu ei, puis ai : wīn, trīben, līhen, zīt, ont donné Wein, treiben, leihen, Zeit ; tout ū est devenu au : hūs, zūn, rūch → Haus, Zaun, Rauch ; de même ǖ s’est changé en eu : hǖsir → Häuser, etc. Au contraire la diphtongue ie a passé à ī que l’on continue à écrire ie; cf. biegen, lieb, Tier. Parallèlement, tous les uo sont devenus ū : muot → Mut, etc. Tout z (voir p. 59) a donné s (écrit ss) : wazer → Wasser, fliezen → fliessen, etc. Tout h intérieur a disparu entre voyelles : līhen, sehen → leien, seen (écrits leihen, sehen). Tout w s’est transformé en v labiodental (écrit w) : wazer → wasr (Wasser).
En français, tout l mouillé est devenu y (jod) : piller, bouillir se prononcent piyẹ, buyir, etc.
En latin, ce qui a été s intervocalique apparaît comme r à une autre époque : *genesis, *asēna → generis arēna, etc.
N’importe quel changement phonétique, vu sous son vrai