jour, confirmerait la parfaite régularité de ces transformations.
§ 2.
Conditions des changements phonétiques.
Les exemples précédents montrent déjà que les phénomènes phonétiques, loin d’être toujours absolus, sont le plus souvent liés à des conditions déterminées : autrement dit, ce n’est pas l’espèce phonologique qui se transforme, mais le phonème tel qu’il se présente dans certaines conditions d’entourage, d’accentuation, etc. C’est ainsi que s n’est devenu r en latin qu’entre voyelles et dans quelques autres positions, ailleurs il subsiste (cf. est, senex, equos).
Les changements absolus sont extrêmement rares ; ils ne paraissent souvent tels que par le caractère caché ou trop général de la condition ; ainsi en allemand ī devient ei, ai, mais seulement en syllabe tonique ; le k1 indo-européen devient h en germanique (cf. indo-européen k1olsom, latin collum all. Hals) ; mais le changement ne se produit pas après s (cf. grec skótos et got. skadus « ombre »).
D’ailleurs la division des changements en absolus et conditionnels repose sur une vue superficielle des choses ; il est plus rationnel de parler, comme on le fait de plus en plus, de phénomènes phonétiques spontanés et combinatoires. Ils sont spontanés quand ils sont produits par une cause interne, et combinatoires quand ils résultent de la présence d’un ou plusieurs autres phonèmes. Ainsi le passage de o indo-européen à a germanique (cf. got. skadus, all. Hals, etc.) est un fait spontané. Les mutations conso nantiques ou « Lautverschiebungen » du germanique sont le type du changement spontané : ainsi le k1 indo-européen devient h en proto-germanique (cf. lat. collum et got. hals), le protogermanique t, conservé en anglais, devient z (prononcé ts) en haut allemand (cf. got. taihun, angl. ten, all. zehn). Au contraire, le passage de lat. ct, pt à italien tt (cf.