Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils font un petit commerce fort lucratif ; enfin, prenant chaque soir la liberté d’aller visiter leurs maîtresses à trois ou quatre lieues de l’habitation. » Voilà pour ceux auxquels les coups de fouet n’ont pas gâté le caractère, et qui se portent bien. Mais pour les malades, c’est vraiment mieux encore. « Envoyés dans un hôpital spacieux, bâti dans la partie la plus saine de l’endroit, ils y sont servis par de bonnes hospitalières, et visités matin et soir par la maîtresse du logis, ou par sa douce et belle fille qui, élevée dans un des pensionnats les plus en vogue de Paris, tâte de ses blanches mains le pouls d’un vieux nègre dégoûtant, et panse des plaies repoussantes. Les soins les plus empressés et les plus délicats sont prodigués au malade ; le médecin le visite chaque jour ; la meilleure volaille et le meilleur vin sont réservés pour lui, etc. etc. » On peut juger du reste par ce passage, auquel nous n’avons pas changé un mot. C’est un véritable Éden que nous dépeint M. F. P. ; et il prendrait envie d’aller se faire esclave, si l’on pouvait l’en croire. — Nous en appelons à tous ceux qui ont vu les noirs, à tous les colons de bonne foi : y a-t-il là quelque chose de réel ? Ne s’est-il pas abandonné à une coupable illusion, celui qui a fait un pareil tableau de l’esclavage ? et pourra-t-il nous persuader qu’un planteur soigne mieux ses noirs que nous ne traitons nos en-