Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/20

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Et pourtant, objecta Marthe, qui commençait à se rassurer, on a publié ses mémoires, et son voyage à Paris.

— Œuvres apocryphes ! fit observer l’homme au paletot de caoutchouc ; le diable n’en eût jamais fait autant. Je l’ai beaucoup connu, c’était un vaurien des plus maussades ; mais il a eu le même bonheur que le prince de Talleyrand, son cousin ; on lui a attribué l’esprit de tout le monde. Heureusement que l’esprit des ténèbres a fait son temps ; son règne finit et le mien commence !

Les deux amants ravis relevèrent la tête.

— Votre règne, s’écrièrent-ils en même temps, ainsi vous êtes ?…

Ils cherchaient le nom qu’ils devaient lui donner ; le petit homme glissa gracieusement deux doigts dans la poche de son gilet de cachemire français, en retira une carte lithographiée, et la présenta à Maurice, qui lut :


Carte de visite de John Progrès


Maurice et Marthe s’inclinèrent respectueusement.

— J’allais visiter les travaux de vos nouveaux chemins de fer, reprit le génie au paletot de caoutchouc, lorsqu’en passant j’ai entendu le souhait de madame Marthe d’abord, puis son appel ; je me suis détourné pour répondre à l’un et pour satisfaire à l’autre.

— Quoi ! s’écria la jeune femme, ce vœu de franchir plu-