Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/129

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térieux, longtemps inexpliqué, ce drame sanglant passionna le pays. Le nom de l’infortunée duchesse de Praslin courait de bouche en bouche et pénétrait jusque dans les campagnes les plus reculées. On s’abordait sans se connaître, sur les routes et sur les places publiques, pour se demander des éclaircissements et pour se communiquer une indignation qui ne se pouvait contenir. Le peuple, toujours si aisément ému par l’image d’une femme que sa faiblesse livre sans défense à la haine, se prit à maudire tout haut une société où se commettaient de tels forfaits. Il multiplia, il généralisa dans ses soupçons ce crime individuel. Cette tragédie domestique prit les proportions d’une calamité nationale. Elle suscita des pensées sinistres dans tous les cœurs[1]. »

À côté du cours de l’abbé Gaultier, où j’apprenais, à la française, la création du monde et ses quatre parties — on ne nous parlait pas encore de la cinquième, adoptée plus tard, — la suite des rois de Rome et des rois de France, l’authentique Romulus, Pharamond, Clovis, etc., mon professeur allemand, il se nommait Vogel — oiseau — m’enseignait d’une manière toute différente les divers états du globe, la naissance et les progrès de la civilisation, les races, les migrations, les établissements des peuples ; il n’avait garde d’ou-

  1. Histoire de la Révolution de 1848, par Daniel Stem, 2e édit. t. I, p. 71.