Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/175

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grande surprise, dès le lendemain matin, sans aucun examen préalable, la maîtresse générale, madame Eugénie de Gramont, en venant s’informer elle-même de la manière dont j’avais passé la nuit, me remit de sa main, avec un grave sourire, la ceinture en ruban noir, qui distinguait, au-dessus de toutes les autres, la classe supérieure. Cette classe où les élèves étaient censées avoir achevé leur éducation, et où elles ne faisaient plus qu’entretenir dans leur mémoire les choses apprises, se composait de cinq grandes jeunes filles, de quinze à dix-huit ans : Marie de Menou, Anaïs de Vence, Sophie de La Myre, Elisa de Montarby, une autre encore dont j’oublie le nom : je fus la sixième. J’y soutins mon rang sans effort et l’honneur de l’enseignement laïque. Sur ces cinq nobles demoiselles, élevées par de nobles dames, deux seulement écrivaient correctement l’orthographe. Ce fut un grand soulagement. Le bel aspect des lieux, les jardins, le verger en fleurs, la propreté, la gaieté de ma chambrette, dont la fenêtre ouvrait sur un massif de tilleuls, les cérémonies du culte, les promenades, les cantiques en l’honneur de Marie, les prévenances de mes maîtresses, la déférence que me témoignèrent bientôt mes compagnes, me réconcilièrent avec les côtés moins aimables de ma vie nouvelle. Il y en avait plusieurs. Sous le rapport de l’hygiène, par exemple, il régnait au Sacré-Cœur une négligence qui ne paraîtrait plus