Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/295

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de son maintien, par le malaise de tout son être, il échappait à l’idée qu’on peut se faire de la jeunesse ou de la maturité. On a loué, et, je crois, très-équitablement. la droiture et la loyauté du duc d’Angoulême. On a dit qu’il était de bon conseil ; il a prouvé qu’il était capable de fermeté, de bonté parfaite. Mais, au point de vue féminin où je me place pour parler des cours et des salons, il paraissait disgracié et il produisait une impression qui n’inclinait pas du tout à lui rendre justice. En le voyant, il était difficile de ne pas se dire : que l’union d’un tel homme avec la fille de Louis XVI n’avait dû être , pour cette princesse malheureuse, qu’une occasion de plus d’étouffer en elle tout ce qui n’était le devoir.

Tout autre était le souvenir que laissait dans les imaginations le duc de Bercy. Très-enfant que j’étais encore lorsqu’il fut tué par Louvel, je n’appris ce qu’avait été sa vie que dans les récits de sa mort. Mais ces récits pathétiques, celui de Chateaubriand surtout, qu’on dévorait, le peignaient sous des couleurs si touchantes à sa dernière heure, qu’on se persuadait l’avoir connu, et qu’on lui donnait des larmes.

La popularité du duc de Berry, depuis son mariage — 1816 — avec Marie-Caroline princesse des Deux-Siciles. était grande. La vie animée, communicative. que les jeunes époux menaient ensemble dans le joli