Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/313

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intérêts du beau monde, des beaux-arts et des belles-lettres. Autour de cette femme couchée, souffrante, il régnait une sorte de clair-obscur, une douceur sérieuse. Madame de Montcalm ne voulait jamais ni briller, ni étonner, ni éclipser, ni intimider personne. Elle recherchait le mérite, devinait et faisait valoir les moindres talents. Auprès d’elle, les jeunes femmes s’essayaient à la conversation. Elle m’y encourageait plus que d’autres. Elle avait pour moi des indulgences extrêmes. Confidente des sentiments que m’avait voués l’un de ses plus chers, amis, elle me portait un intérêt maternel et qui ne se démentit jamais. Je me plaisais chez elle infiniment. Quand je veux me rappeler une douce image de ma vie du monde d’autrefois, c’est à elle que je pense, à son entourage aimable, à son intimité noble et charmante.

Dans la maison de Montmorency-Matignon où j’allais aussi beaucoup, ce n’était pas un salon proprement dit; c’était chaque soir un cercle nombreux de parents et d’habitués. La vieille comtesse de Matignon le présidait. La duchesse de Montmorency, son fils Raoul, et sa bru, la baronne de Montmorency, ses deux filles, la princesse de Bauffremont et la jeune Alice, mariée plus tard au duc de Valençay, y paraissaient ensemble ou tour à tour. Assises à une grande table ronde, qu’éclairait une grande lampe suspendue, chargée de corbeilles à ouvrage, les dames, renommées dans cette