Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

générale était plus fixée sur les actes merveilleux et les destinées extraordinaires du Messie, si Jésus n’avait pas réellement satisfait cette attente ; mais la critique qui va suivre ne dépouille pas la vie de Jésus de tous les traits qui purent se prêter à être regardés comme des miracles ; quant à ce qui manquait encore, la puissante impression produite par sa personne et par ses discours, tant qu’il fut vivant, ne permit pas à la réflexion de le comparer à cette mesure du Messie. De plus, il ne fut que peu à peu reconnu comme tel dans des cercles étendus, et, dès son vivant, le peuple peut avoir fait sur lui des récits extraordinaires (comparez Matth., 14, 2). Après sa mort, la croyance à sa résurrection, d’où qu’elle soit venue, a été plus que suffisante pour convaincre de sa qualité de Messie ; de sorte que tout le reste du merveilleux dans sa vie doit être considéré, non comme la cause de la croyance à sa qualité de Messie, mais au contraire comme le produit de cette même croyance.

Cependant il ne faudrait pas étendre à tous les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament, que nous sommes obligés de considérer comme non historiques, le caractère qui est l’attribut de la plupart, c’est-à-dire d’avoir été composés sans dessein et sans que les auteurs eussent conscience de leurs propres fictions. Il se mêle des inventions préméditées et calculées dans tous les cycles légendaires, surtout quand il s’y attache un intérêt patriotique et religieux, et qu’ils deviennent le sujet d’une libre inspiration poétique ou de toute autre élaboration littéraire. Si les auteurs des chants homériques n’ont pu considérer comme réellement arrivé tout ce qu’ils racontaient des dieux et des héros, l’auteur des Paralipomènes n’a pu se faire complètement illusion lorsque, s’écartant des livres de Samuel et des Rois, il transporta, dans des siècles antérieurs, des combinaisons qui n’avaient existé que plus tard ; l’auteur du