Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/265

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Marie, du Christ descendu en lui[1] ; et, à ce point de vue, il n’y avait que leur aversion pour David qui pouvait les détourner de rapporter la généalogie à Jésus. Mais l’opinion fondamentale qui règne dans les Clémentines et un passage de ces Homélies[2], ont autorisé récemment la critique à conclure, non sans apparence de raison, que l’auteur de cet ouvrage avait aussi abandonné la doctrine de la conception naturelle, et même de la naissance naturelle de Jésus[3]. Tout cela montre d’une façon encore plus évidente, que la raison pour laquelle cette secte rejetait les généalogies, lui appartenait en propre et ne lui était pas commune avec les autres Ébionites.

Toutefois, on n’est pas sans avoir des traces positives indiquant que les Ébionites issus du judaïsme ordinaire ont eu les généalogies. Tandis que les Ébionites d’Épiphane et des Clémentines ne nommaient Jésus que fils de Dieu et rejetaient la dénomination de fils de David comme entachée de la commune opinion juive[4], d’autres Ébionites sont accusés par les pères de l’Église de reconnaître Jésus pour fils de David seulement, à qui les arbres généalogiques conduisent, et non pour fils de Dieu[5]. De plus, Épiphane raconte des anciens gnostiques judaïsants, Cérinthe et Carpocrate, qu’ils se servaient, à la vérité, du même évangile que les Ébionites, mais qu’ils employaient les généalogies, qu’ils y lisaient par conséquent, à prouver la génération humaine de Jésus par Joseph[6]. Les mémoires, ἀπομνημονεύματα,

  1. Epiphan., Hæres., 30, 14, 16, 34.
  2. Hom., 3, 17.
  3. Schneckenburger, Ueber das Evang. der Ægypter, S. 7 ; Baur, christl. Gnosis, S. 760 ff. Comparez Credner, l. c., S. 253 f., et Hoffmann, S. 208.
  4. Orig., Comm. in Matth., T. 16, 12. Tertullien, De Carne christi, 14 ; voy. p. 210, note 5, un passage où à la vérité sont confondus les Ébionites spéculatifs et les Ébionites ordinaires.
  5. Clément. Homil., 18, 13. Ils rapportaient en conséquence le passage de Matth., 11, 27 : Personne ne connaît le père, si ce n’est le fils, a ceux qui regardaient David comme le père de Christ et Christ comme son fils, et qui méconnaissaient le fils de Dieu, et ils se plaignaient qu’au lieu de Dieu tous disaient David.
  6. Hæres., 30, 14 : Ὁ μὲν γὰρ Κήρινθος καὶ Καρποκρᾶς τῷ ἀυτῷ χρώμενοι παρ’αὐτοῖς (τοῖς Ἐϐιωναίοις) εὐαγγελίῳ, ἀπὸ τῆς ἀρχῆς τοῦ κατὰ Ματθαῖον εὐαγ-