Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/272

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être examiné dans toutes ses parties avec les yeux de la critique.

La véritable intelligence de la narration évangélique, dont il est ici question, se trouvait déjà, quoique indirectement, dans Origène. En effet, une fois, il compare la conception surnaturelle de Jésus avec le récit de la conception de Platon par Apollon, et dans cet endroit il est d’avis que des malintentionnés seuls peuvent douter de tels récits[1] ; une autre fois, il dit que le récit concernant Platon appartient aux mythes par lesquels on a voulu expliquer la sagesse et la capacité extraordinaires de certains grands hommes ; mais, cette seconde fois, il laisse de côté le récit de la conception de Jésus[2]. Ainsi il avait reconnu la similitude des deux récits et le caractère mythique de l’un d’eux ; or, ce sont là les deux prémisses qui donnaient comme conséquence le caractère mythique du récit de la conception de Jésus, conséquence dont, du reste, il ne peut pas avoir eu une seule fois conscience.


§ XXIX.


L’histoire de la conception de Jésus considérée comme mythe.

Si l’on veut échapper à l’origine surnaturelle de Jésus pour ne pas exciter aujourd’hui la moquerie, dit Gabler dans son examen du Commentaire de Paulus, et si, d’un autre côté, les explications naturelles conduisent à des assertions non seulement étranges, mais encore révoltantes, il vaut mieux recourir à un mythe par lequel on évite toutes les difficultés de ces explications. Plusieurs grands hommes avaient, dans l’ancien monde mythologique, une naissance extraordinaire et étaient fils des dieux. Jésus lui-même parlait de son origine céleste, disait Dieu son père, et d’ailleurs s’appelait fils de Dieu en qualité de Messie. Par Matthieu,

  1. C. Cels., 6, 8.
  2. Ibid., 1, 37.