Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/274

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s’en faut peu qu’Origène, à cause de la similitude des deux récits, ne regarde comme des merveilles véritables les légendes païennes sur les fils des dieux, Paulus, à son point de vue, est assez conséquent pour expliquer les deux récits comme des histoires naturelles, et renfermant un fond véritable. On ne voit point en cette occasion jusqu’à quel point il étend ce système à la mythologie proprement dite ; quant au récit concernant Platon, on ne peut pas soutenir, dit-il, que ce récit, en ce qu’il a de fondamental, ne se soit formé que dans des temps postérieurs ; mais Périctione a pu facilement croire être enceinte d’un de ses dieux ; son fils étant devenu plus tard un Platon, cette circonstance la confirma dans sa croyance, sans en avoir été la cause. Tholuck fait remarquer une différence considérable, c’est que les mythes de Romulus et autres se sont formés des siècles après l’époque de ces hommes, au lieu que les mythes relatifs à Jésus devraient s’être formés très peu de temps après sa mort[1]. Il évite prudemment de mentionner le récit de la naissance de Platon, sachant bien que ce récit est justement dangereux pour une prétendue formation tardive. Au contraire Osiander s’étend complaisamment sur la naissance de Platon et soutient que l’apothéose de ce philosophe, fils d’Apollon, n’est venue au monde que plusieurs siècles après lui[2]. Assertion fausse ; car le fils de la sœur de Platon en parlait comme d’un bruit répandu à Athènes[3]. C’est d’une autre façon qu’Olshausen, suivi par Neander, essaie d’ôter à l’analogie des naissances divines de la mythologie ce qu’elle a d’inquiétant pour l’opinion des supranaturalistes ; suivant lui, ces récits, quoique non historiques, témoignent cependant du pressentiment, du désir général d’un pareil fait, et en

  1. Glaubwürdigkeit, s. 63.
  2. Apologie des L. J., S. 92.
  3. Diog. Laert., l. c. : Σπεύσιππος (sororis Platonis filius : saint Jérôme) δ’ἐν τῷ ἐπιγραφομένῳ Πλάτωνος περιδείπνῳ καὶ Κλέαρχος ἐν τῷ Πλάτωνος ἐγκωμίῳ καὶ Ἀναξιλίδης ἐν τῷ δευτέρῳ περὶ φιλοσόφων, φασίν, Ἀθήνησιν ἦν λόγος, κτλ.