Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/309

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tant que l’enfant Jésus, apporté le troisième jour de la caverne dans l’étable, fut adoré par le bœuf et l’âne, s’appuie sur Is., 1, 3 : Cognovit bos possessorem suum, et asinus præsepe domini sui[1]. Dans plusieurs des apocryphes cités, entre les femmes qui aident l’accouchement et les mages, les bergers sont omis ; mais ils se trouvent dans l’Évangile arabe de l’enfance, où, étant venus à la caverne et ayant allumé un feu de joie, ils voient l’armée céleste leur apparaître[2].

Maintenant, si nous prenons les circonstances racontées par Luc dans le sens surnaturel, plusieurs difficultés se présentent. D’abord on peut demander avec raison : À quoi devait servir l’apparition des anges[3] ? La réponse la plus naturelle est : Faire connaître la naissance de Jésus. Mais l’apparition angélique la fait si peu connaître, que les mages sont les premiers qui apportent dans Jérusalem, ville voisine, la nouvelle du roi des Juifs qui vient de naître ; et dans le courant de l’histoire il ne se trouve plus de trace de cet événement qui signala la naissance de Jésus. Ainsi le but de cette apparition extraordinaire ne peut pas avoir été de faire savoir au loin que Jésus était né, car autrement Dieu aurait manqué son but. Il faudrait donc admettre, avec Schleiermacher, qu’elle se bornait à agir immédiatement sur les bergers[4] ; alors il faudrait aussi supposer avec lui que ces bergers étaient remplis, comme Siméon, d’espérances messianiques, et que Dieu voulut récompenser et confirmer leur pieuse croyance par cette apparition. Mais le récit évangélique ne dit pas un mot d’une telle disposition des bergers ; il ne dit pas non plus qu’une impression durable ait été produite sur eux. En définitive, rien dans la narration ne paraît signaler l’apparition comme se rappor-

  1. Cap. 14.
  2. Cap. 4, dans Thilo, p. 69.
  3. Voyez Gabler dans neuest. theol. Journal, 7, 4, S. 410.
  4. Ueber den Lukas, S. 33. Comparez Neander, L. J. Chr. S. 22.