Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/310

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tant aux bergers ; et ce miracle a uniquement pour but de glorifier et de faire connaître la naissance de Jésus comme Messie. Or, cette publicité, nous l’avons déjà remarqué, fut manquée ; quant à la glorification prise en elle-même, elle n’est qu’une vaine décoration, et par conséquent ce n’est pas un but digne de Dieu. Ainsi cette circonstance prise en elle-même forme une difficulté, qui n’est pas sans gravité, contre l’explication surnaturelle de cette histoire. Qu’on y ajoute les objections élevées plus haut contre l’apparition et même l’existence des anges, et l’on comprendra sans peine que pour ce récit aussi l’on ait essayé la voie de l’explication naturelle.

Les premières tentatives de cette dernière ont été fort grossières. Ainsi, Eck considère l’ange comme un messager de Bethléem, porteur d’une lumière qui frappa les yeux des bergers, et l’hymne des armées célestes comme le cri de joie de gens qui accompagnaient ce messager[1]. Paulus a disposé toute l’affaire avec plus de finesse et d’entente : Marie avait trouvé l’hospitalité dans une famille de bergers à Bethléem ; toute pleine de l’idée de mettre au monde le Messie, elle en parla aussi aux membres de cette famille, qui, en leur qualité d’habitants de la ville de David, pouvaient ne pas être insensibles à ce langage. Ces bergers, étant la nuit dans les champs, et ayant aperçu un météore lumineux, phénomène qui, au dire des voyageurs, n’est pas rare dans cette contrée, y virent un message céleste destiné à leur annoncer que la femme étrangère logée dans leur étable avait réellement mis au monde le Messie ; le météore s’étend et se meut çà et là : leur imagination se figure des armées d’anges qui célèbrent la naissance du Messie. Reve-

  1. Dans son Essai sur les histoires des miracles du Nouveau Testament ; comparez Gabler, neuestes theolog. Journal, 7, 4, S. 411. Ici encore l’auteur de l’Histoire naturelle du prophète de Nazareth ne trouve pas, dans les miracles du récit évangélique, un aliment suffisant à son besoin d’explication naturelle ; il entreprend en outre de redresser, à sa façon, les fables des évangiles apocryphes.