Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reconnu le caractère mythique dans le récit de Matthieu, il ne nous resterait plus qu’à nous attacher, avec des critiques modernes[1], au récit de Luc et à sacrifier celui de Matthieu. Mais le récit de Luc n’est-il pas de même nature que celui de Matthieu ? et, au lieu d’avoir à opter entre les deux, ne faut-il pas refuser à l’un comme à l’autre le caractère historique ? C’est ce que va nous montrer l’examen subséquent.


§ XXXVIII.


La présentation de Jésus dans le Temple.

Le récit de la présentation de Jésus dans le Temple (Luc, 2, 22-38) semble au premier coup d’œil porter une empreinte tout à fait historique. Une double loi, l’une prescrivant à la mère un sacrifice de purification, l’autre commandant le rachat du fils premier-né, amène les parents de Jésus, avec l’enfant, à Jérusalem dans le Temple. Là ils trouvent un homme pieux, plein de l’attente du Messie et nommé Siméon. Plusieurs interprètes prennent ce Siméon pour le Siméon fils de Hillel, son successeur à la présidence du sanhédrin, et père de Gamaliel ; quelques uns même l’identifient avec le Saméas de Josèphe[2] et attachent de l’importance à sa prétendue descendance de David, parce que cette descendance le fait parent de Jésus et aide à expliquer naturellement la scène suivante ; hypothèse que l’expression dont se sert Luc pour le désigner, rend invraisemblable[3], car il n’aurait pas dit d’un personnage aussi connu : un homme, ἄνθρωπός τις. Mais, même sans cette hypothèse, il est facile d’expliquer d’une manière très naturelle la scène qui se passa entre les parents de Jésus et ce

  1. Schleiermacher, über den Lukas, S. 47 ; Schneckenburger, l. c.
  2. Antiq., 14, 9, 4. 15, 1, 1 et 10, 4.
  3. L’évangile de Nicodème, c. 16, le nomme, à la vérité, le grand maître, ὁ μέγας διδάσκαλος ; et le Protévangile de Jacques, c. 24, le fait prêtre ou même grand-prêtre. Voyez les variantes dans Thilo, Cod. Apocr. N. T. 1, p. 271. Comparez 303.