Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/410

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commença à baptiser. Cependant, en nous reportant à Luc, 1, 26, où il est dit que Jean-Baptiste avait six mois de plus que Jésus, et en appelant à notre aide cette circonstance que la coutume juive n’aurait guère permis un rôle public avant la trentième année, il se pourrait que Jean-Baptiste n’eût paru sur les bords du Jourdain que six mois avant l’arrivée de Jésus, époque où il avait seulement atteint l’âge nécessaire pour un tel rôle. Mais ce n’était pas une loi positive qui avait fixé ce terme, et l’on a demandé avec raison[1] si à l’action plus libre d’un prophète s’appliquait la disposition qui déterminait, pour les prêtres et les lévites, la trentième année comme le commencement du service régulier (4 Mos., 4, 3. 47 ; comparez au reste, 2 Paralip., 31, 17, où la vingtième année est désignée). Donc, en supposant qu’il y eût, entre Jean-Baptiste et Jésus, le rapport déjà indiqué, cela n’empêcherait pas que le premier n’eût commencé son rôle public assez longtemps avant le second. Mais telle n’est pas, sans doute, l’intention de l’évangéliste, car préciser avec un tel excès de soin le début du précurseur pour laisser indéterminé le début du Messie même, ce serait une trop grande maladresse[2], et nous ne pouvons guère nous empêcher de lui supposer le dessein de fixer le temps du début de Jésus en fixant celui du début de Jean-Baptiste ; or, cela ne s’accorde qu’autant qu’il aura admis que, très peu de temps après le début de Jean, Jésus sera venu le trouver sur les bords du Jourdain et aura aussitôt commencé à enseigner lui-même[3]. On a prétendu que cette date fixe appartenait au commencement d’un morceau sur Jean-Baptiste, intercalé par Luc dans son évangile ; mais cela est peu vraisemblable, parce qu’une telle exactitude chronologique semble plutôt appartenir à celui

  1. Voyez Paulus, S. 294.
  2. Voyez Schleiermacher, über den Lukas, S. 62.
  3. Cette opinion est aussi celle de Bengel, Ordo temporum, p. 204 seq. ed. 2.